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Flying Taurus : Blog Chrétien

Contra gentiles

24 Mars 2020 , Rédigé par Flying Taurus Publié dans #Politique

 


La critique de l'Islam est empêchée par cette notion niaiseuse de "peur" (phobie). On serait soit disant intolérant et haineux dès qu'on exprime un point de vue critique sur le coran ou sur la religion islamique.
Pourtant, le "concept" d'islamophobie ne résiste pas à l'analyse trois secondes. D'abord parce que ce n'est pas une "phobie", donc une peur, que de critiquer quelque chose : c'est même tout le contraire. il faut oser critiquer pour s'exprimer. Et oser s'exprimer pour critiquer. L'un ne va pas sans l'autre. Ensuite, parce que la critique, c'est justement le courage de penser, donc de dialoguer avec ce qui n'est pas comme soi et qui nous semble irréductible altérité.
On touche là à une notion fondamentale, celle de l'ouverture. Dès que l'on s'ouvre à la critique, on peut approfondir sa propre foi, mieux s'enraciner dans sa culture pour répondre à des arguments, donc pour adopter une attitude raisonnable bien loin des violences de la simple réaction identitaire stérile.
Cette ouverture, c'est aussi s'ouvrir à des modes de pensée, des méthodes d'investigation, en un mot à des techniques autres que la sienne propre. C'est donc accepter de changer de forme dans son discours, accepter de prendre ce qu'il y a de bon dans la technique qu'on nous présente, qu'elle soit philosophique, scientifique, économique.
Or, si le monde musulman semble s'être ouvert sans trop de mal à la technique scientifique et économique de notre modernité, il semble au contraire incroyablement crispé sur l'aspect philosophique. Nous, occidentaux qui avons traversé les Lumières, sommes totalement ouvert à la critique satirique. Il nous semble même que c'est une hygiène salutaire d'avoir des contradicteurs aussi puissants en face de soi, pour ne jamais sombrer dans l'angélisme ou le manichéisme.
C'est donc parce la critique nous permet une chose plus salutaire encore, celle d'autocritique, que nous apprécions la satire. Et que nous nous interdisons le radicalisme. Or, le monde musulman ne résonne pas comme ça. Pour lui, une critique même banale est une atteinte à la dignité de sa religion, de sa foi, de sa croyance. Donc de son identité. Serait-ce donc que l'islam constitue totalement l'identité d'un musulman?
Assurément non, et pourtant dans les faits, tout se passe comme si c'était le cas. On constate en effet des réactions épidermiques fréquentes chez les musulmans, qui vont même jusqu'à arguer qu'il faudrait limiter la liberté d'expression sous peine d'islamophobie. Concept paralysant pour la raison selon moi. Car limiter la liberté d'expression, c'est ouvrir la porte à sa suppression pure et simple ! De deux choses l'une : soit on est libre de s'exprimer, soit on ne l'est pas. Il n'y a pas d'entre-deux dans la liberté. Voilà pourquoi, pour le philosophe Abdennour Bidar, il faut que les croyants de l'islam oeuvrent à leur propre autocritique.
Cela revient à dire donc selon lui que les croyants "ne peuvent pas se contenter de dénoncer la barbarie terroriste pour éluder l'origine des dérives djihadistes. Face aux dogmes et à l'instrumentalisation politique dont ils sont l'objet, le monde musulman doit faire son autocritique et œuvrer à sa propre réforme".
En effet, quoi qu'on en dise, le djihadisme est né de l'islam, et l'Etat islamique des errances, des contradictions du monde musulman, "de [son] écartèlement entre passé et présent, de [son] incapacité trop durable à trouver [sa] place dans la civilisation humaine".
Or, si les musulmans se réfugient dans la posture de l'autodéfense en clamant haut et fort que le djihadisme n'est pas de leur fait, mais d'une poignée de fous furieux - ce qui est vrai - c'est totalement insuffisant. insuffisant parce que des techniques sont depuis longtemps à leur disposition pour se désengager radicalement et définitivement de cette gangrène. Et cette technique, ne serait-ce pas justement ce que nous disions plus haut sur la philosophie des Lumières et sur l'autocritique ? Autocritique qui permettrait enfin au monde musulman de voir ses réalités en face : impuissance à instituer des démocraties durables dans lesquelles est reconnue comme droit moral et politique la liberté de conscience vis-à-vis des dogmes de la religion ; difficultés chroniques à améliorer la condition des femmes dans le sens de l'égalité, de la responsabilité et de la liberté ; impuissance à séparer suffisamment le pouvoir politique de son contrôle par l'autorité de la religion ; incapacité à instituer un respect, une tolérance et une véritable reconnaissance du pluralisme religieux et des minorités religieuses.
Le monde musulman s'obstinera-t-il encore longtemps à ne pas écouter ceux qui l'appellent à changer en se libérant enfin de la domination qu'il a offerte à la religion sur la vie tout entière?
 

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